Occitanie (Ariège) Le ton monte autour de l’ours

Le 24 juin, l’ONG Sea Shepherd a annoncé que la prime offerte à celui qui dénoncerait le tueur de l’ours, abattu par balle le 9 juin à Ustou (Ariège), passait de 10 000 à 50 000 €. Le lendemain, vingt associations portaient plainte contre X et demandaient le remplacement immédiat de l’animal. Dans l’autre camp, l’association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège-Pyrénées collecte 35 000 € pour « soutenir les victimes de délation et de la vindicte judiciaire environnementaliste ».

L’ambiance se dégrade chaque jour un peu plus dans les Pyrénées ariégeoises, au rythme des attaques quasi quotidiennes des ursidés, depuis que les troupeaux sont montés en estive. Le rapport annuel 2019 du réseau Ours brun annonce un effectif minimal détecté de 52 ours, contre 46 en 2018. Le taux d’accroissement des ours depuis 2006, date de réintroduction de quatre femelles et d’un mâle slovènes, est de plus de 10 % par an.

Le nombre d’animaux tués a explosé

C’est depuis cette date que le nombre d’attaques a explosé, pour atteindre 738 en 2019 dans les Pyrénées. Seulement 362 attaques ont été indemnisées, totalisant 1 173 animaux tués et dédommagés, plus du double de 2018 (516). Pourtant, le gouvernement avait tenté d’anticiper la crise, avec l’annonce, dès le 4 juin, d’une feuille de route « Pastoralisme et ours » améliorée, qui sera présentée début juillet. Celle-ci prévoit plus de 500 000 € supplémentaires par rapport à 2019 pour la protection des troupeaux, notamment l’équipement de cabanes dans les estives et le renfort de bergers d’appui. Depuis le 12 juin, un arrêté autorise les préfets à accorder l’utilisation de mesures d’effarouchement aux éleveurs et aux bergers, telles que des moyens sonores, olfactifs, lumineux et des tirs non létaux. Une décision très attendue par la filière.

Dire que la transhumance vient d’être inscrite à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel, premier pas vers une reconnaissance de l’Unesco grâce au travail de spécialistes pyrénéens ! Drôle d’ambiance.Florence Jacquemoud